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1945 – 2019 – Enschede –  Pays Bas.

Si le monde de Bouman nous parle si bien, ce n’est pas un hasard. C’est parce que le peintre est l’héritier d’une peinture qui fait pleinement partie de notre imaginaire commun. Chez lui, on retrouve du Dali, du Chirico aussi, mais surtout on plonge sans attendre dans un monde onirique. Et ce monde – né quelque part entre la nature et l’artifice – nous interroge d’abord sur la perception des corps. Chez Bouman, les corps sont immenses, les femmes sont des vénus callipyges qui enchaînent le regard des hommes, et par là-même celui du spectateur.

Regarder une peinture de Bouman, c’est apprendre à voir le monde autrement. C’est perdre ses repères. Car ici les proportions des personnages n’ont rien de commun. La distorsion est la règle et semble même s’attaquer à l’espace et au temps. Où sommes-nous ? Quand sommes-nous ? L’œuvre de Bouman nous dévoile un instant figé, tout droit sorti d’un rêve, comme si on avait appuyé sur la touche « pause » d’un film. Le mouvement des personnages est alors pris au vol… et nous emporte en même temps.

Mais ce qui fascine le plus, c’est lorsque le peintre nous raconte la composition de ses toiles. Travaillant un bras d’un côté, une tête de l’autre, imaginant une posture, ou une saynète entre deux personnages, Bouman laisse son instinct composer ses toiles au fil du pinceau. Alors on se pose la question : et si laisser l’œuvre se construire par elle-même était l’acte artistique le plus abouti ? Jérome Guyonnet